Emmanuelle ou le temps reconstruit
Le sobre récit d’Emmanuelle nous interpelle. Ses yeux possèdent la luminosité de cette génération de jeunes médecins en formation, ardents, compétents, jaloux de préserver la qualité de la vie avant toute chose. Elle a ramené son grand-père médecin à son domicile il y a une semaine, épuisé par la maladie, l’âge et une longue hospitalisation. Grand-père complice s’il en est, gamin dans l’âme, mais dont la communication se réduit maintenant au minimum.
Son premier regard fut pour elle, le second pour le cadran de l’antique pendule de salon, héritage familial centenaire. Le mouvement impassible du balancier de la vieille horloge d’emblée l’a rassuré. De la main, il a suggéré à Emmanuelle de procéder aux réglages coutumiers permettant à sa vieille complice de le veiller durant la courte période que la vie lui réservait encore ici-bas. Cette horloge qu’on règle avec minutie, journellement, patiemment, soi-même sans en confier la tâche à personne d’autre si ce n’est une personne d’entière confiance, ce temps qui se mesure à son rythme propre et à celui de son habitat, qui s’arrête si on en suspend l’entretien, ce temps est le sien et nul ne pourra le lui voler . Ce n’est guère un temps imposé de l’extérieur, ce n’est pas celui des actualités télévisées ni de Pharao, l’horloge atomique au césium du CNES, ce n’est peut-être pas plus le temps du centre hospitalier qu’il a quitté cet après-midi : c’est un temps dont l’écoulement est éminemment variable, un temps choisi . Les objets ont un destin qui nous dépasse, et pour Emmanuelle aujourd’hui particulièrement, la symbolique de la pendule familiale a acquis une densité particulière : le grand-père adoré est mort paisiblement le lendemain à l’aube.
Son premier regard fut pour elle, le second pour le cadran de l’antique pendule de salon, héritage familial centenaire. Le mouvement impassible du balancier de la vieille horloge d’emblée l’a rassuré. De la main, il a suggéré à Emmanuelle de procéder aux réglages coutumiers permettant à sa vieille complice de le veiller durant la courte période que la vie lui réservait encore ici-bas. Cette horloge qu’on règle avec minutie, journellement, patiemment, soi-même sans en confier la tâche à personne d’autre si ce n’est une personne d’entière confiance, ce temps qui se mesure à son rythme propre et à celui de son habitat, qui s’arrête si on en suspend l’entretien, ce temps est le sien et nul ne pourra le lui voler . Ce n’est guère un temps imposé de l’extérieur, ce n’est pas celui des actualités télévisées ni de Pharao, l’horloge atomique au césium du CNES, ce n’est peut-être pas plus le temps du centre hospitalier qu’il a quitté cet après-midi : c’est un temps dont l’écoulement est éminemment variable, un temps choisi . Les objets ont un destin qui nous dépasse, et pour Emmanuelle aujourd’hui particulièrement, la symbolique de la pendule familiale a acquis une densité particulière : le grand-père adoré est mort paisiblement le lendemain à l’aube.
C.V
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