Ridelles et bonheurs du soir

Demain est le premier jour du temps qui me reste à vivre. Quand ce temps qui reste à vivre diminue, ce demain devient précieux et mérite qu’on y accorde une importance accrue. Et s’il nous échoyait d’inventer cette médecine à jour frisant susceptible de réinstaller nos aînés dans leur véritable existence et non dans une vie par procuration?

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Lieu : Anderlecht, Bruxelles, Belgium

mercredi, avril 19, 2006

De la maladie

"On n'a rien compris à la maladie tant que l'on a pas compris son étrange ressemblance avec l'amour et la mort: ses compromis, ses feintes, cet étrange et unique amalgame fait du mélange d'un tempérament et d'un mal".

Les mémoires d'Hadrien. M.Yourcenar.

De la vieillesse

La vieillesse représente une étape de notre existence et, comme toutes les autres étapes, elle a son propre visage, une atmosphère et une ambiance spécifiques, ses joies et ses peines. Nous
qui portons des cheveux blancs, nous sommes comme nos frères humains plus jeunes: nous avons une mission qui donne sens à notre vie.

Celui qui se meurt, atteint d'un mal fatal, a lui aussi sa mission à remplir, a quelque chose d'important, d'indispensable à réaliser alors même qu'il est à peine capable de percevoir un appel venu d'ici-bas. Etre vieux représente une tâche aussi belle et sacrée que celle d'être
jeune ou de se familiariser avec la mort. Mourir constitue par ailleurs un acte aussi important que les autres- à condition qu'il s'accomplisse dans le profond respect du sens et du caractère sacré de toute existence. Un homme âgé qui abhorre et craint la vieillesse, les cheveux blancs et la proximité de la mort, ne représente pas dignement l'étape de l'existence qu'il a atteinte, tout
comme un jeune homme vigoureux qui déteste son métier, son travail quotidien et cherche à y échapper.
Herman Hesse

Feuille morte

Toutes les fleurs veulent se changer en fruits,
Toute matinée veut devenir soirée,
Sur terre rien n'est éternité,
Si ce n'est le mouvement, le temps qui fuit.
Même le plus bel été veut voir une fois
La nature qui se fane, l'automne qui vient.
Reste tranquille, feuille, garde ton sang-froid
Lorsque le vent veut t'enlever au loin.
Poursuis tes jeux et ne te défends pas,
Laisse les choses advenir sans heurts,
Laisse enfin le vent qui te détacha
Te conduire jusqu'à ta demeure.

Herman Hesse

Esquisse

Le vent froid de l'automne siffle dans les ajoncs desséchés
Qui blanchissent dans la lumière du soir;
Les corneilles quittent les saules et volent vers l'intérieur des terres.
Un vieil homme se repose, seul sur la grève,
Il sent le vent dans ses cheveux, la nuit et la neige qui vient. Depuis la rive plongée dans l'ombre il regarde vers la clarté, Là-bas, entre nuages et lac, une bande De terre éloignée brille encore dans la lumière chaude: Au-delà merveilleux, règne de félicité comme le rêve et la poésie.
Il fixe du regard cette image lumineuse,
Repense à son pays, aux années de bonheur,
Voit pâlir l'or, le voit disparaître,
Se détourne, quitte les saules
Et marche lentement vers l'intérieur des terres.

Herman Hesse. Eloge de la vieillesse